mercredi 11 février 2009

Le cadeau d'un ange

La vie continue... Chaque petit geste, chaque petit signe est un cadeau. Et aujourd'hui, une amie attentionnée envoie cette jolie photo rapportée de la cathédrale d'Amiens... Merci de tout coeur, Laurence ! Petit ange, toi aussi tu pleures, le coeur tout plein de sombres pensées, parce que tu as beau connaître la grandeur de Dieu, tu sais aussi que Son Amour n'est pas pour rire... Qu'Il ne fait pas semblant de nous laisser libres face à la vie, face à la mort... Qu'Il est venu Lui-même affronter cela de l'intérieur... Avec tes bouclettes, tes petites ailes et ton petit corps dodu, tu es fait pour la joie et la lumière. Et tu te heurtes comme nous à la cruauté de ce mal qui blesse, qui tue, qui anéantit.
Allons, petit ange, le temps d'une pause ensemble pour décharger le fardeau de nos larmes, et puis il faudra relever la tête. Tu le sais bien, toi, que la vie continue, bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. Tu es familier de cette joie dont nous apercevons parfois une parcelle, à la lumière d'un sourire... Merci Lysiane pour ce sourire de la Vierge Marie.

vendredi 6 février 2009

Il est mort

Aujourd'hui, Jean-Noël a cessé de vivre. Son prénom et celui de Johanne reviennent en alternance, se mêlent et se répondent dans les pensées confuses et les prières indéfiniment reprises... Un autre deuil, une autre famille de petits orphelins, encore cette souffrance, toujours ce vertige...
Jean Rouaud évoque ainsi les deuils successifs qui ont marqué son enfance

C'était la loi des séries en somme, martingale triste dont nous découvrions soudain le secret - un secret éventé depuis la nuit des temps mais à chaque fois recouvert et qui, brutalement révélé, martelé, nous laissait stupides, abrutis de chagrin. C'est grand-père qui a clos la série, manière d'enfoncez-vous-ça-bien-dans-la-tête tout à fait inutile. Cet acharnement - comme si la leçon n'avait pas été retenue.

C'est bien de cela qu'il s'agit, la formule sonne juste... Il y manque seulement l'Espérance. Le dernier cadeau de Jean-Noël, ce regard vers après qui ose aller au-delà de la maladie, de l'horreur, de la séparation... Quand tout semble dérisoire, la volonté de croire... Croire que l'on peut apprendre quelque chose d'infiniment utile, au pied de la Croix...

mercredi 4 février 2009

Tous les matins du monde...

C'était un de ces jours de neige où les écoles ne sont pas fermées mais ouvrent deux heures plus tard, pour laisser à tout le monde le temps de déneiger les routes, dégivrer les pare-brise et déglacer les trottoirs.
Le Président Obama a soulevé son premier mouvement de mécontentement populaire en déclarant que les habitants de Washington DC ont besoin de s'endurcir, parce que quand il habitait à Chicago jamais l'école de ses enfants n'a été fermée à cause d'un peu de glace, et là- bas il y en a bien davantage... Mais la région est ainsi organisée, et malgré la contrariété présidentielle les pratiques en place le sont encore pour un moment. (Un responsable mécontent a suggéré qu'Obama démissionne pour s'occuper lui-même de la question...)
En tout cas, les deux heures de décalage ne plaisaient pas non plus à Petit Sapin, qui n'arrivait pas à apprécier le plaisir de se lever plus tard, de rester un peu plus à la maison et de prendre un petit déjeuner tranquille, tandis que le Grand Chêne s'en allait bravement prendre le bus. La raison de sa contrariété ? Il voulait tout ou rien, soit une vraie journée d'école, soit une vraie journée de congé.
Et ce petit matin d'hiver a pris des allures de tragédie, parce que ces mots faisaient écho à ceux d'Antigone, dans la pièce d'Anouilh

Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! (...) Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage.

Myosotis, devant la fenêtre qui s'emplissait de soleil, a retrouvé cette sensation bizarre d'avoir vieilli, éprouvée il y a quelques années déjà en relisant le beau dialogue entre le vieux Créon et sa nièce Antigone. Myosotis se souvient du temps où elle partageait les exigences de la jeune fille (et de Petit Sapin). Peu à peu, sans y penser, elle est passée pourtant du côté de Créon
La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignote, assis au soleil. (...) Tu l'apprendras toi aussi, trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur.

Petit Sapin est ensuite parti bien content à l'école, est revenu bien content l'après-midi et a passé une soirée tranquille en famille, encore plus content bien sûr quand le Grand Chêne est rentré du travail. Une bonne journée de plus, finalement. Un petit morceau du temps qui passe.

Tous les matins du monde sont sans retour.

lundi 2 février 2009

Elle est morte

C'est comme ça. "Elle est pleine de courage !", le blog de Johanne, ne sera plus le journal de son combat contre la maladie parce que le combat est fini.
Les mots se bousculent pour dire le deuil, le vertige, l'incrédulité... On cherche des vers, des refrains, des maximes de sagesse... On perd les lignes et les touches parce que les yeux se brouillent... Un gros coup en plein coeur.
Surtout, ne pas chercher pourquoi ? (c'est tout le mystère du mal, et de la souffrance, et de la mort... A se taper la tête contre les murs, et sans jamais de réponse complète). La bonne question, c'est comment ? Comment fait-on, maintenant ? Comment vont-ils faire, ses parents, son mari et ses deux petits ? Comment vont-ils traverser cette épreuve, et la suite ? Comment reprendre le goût de cette vie qu'elle aimait si fort et qu'elle ne partage plus ?
Là, il y a deux réponses. La première pour ceux qui croient au Ciel... Il faut prier, avec les psaumes, avec un chapelet, avec rien du tout, mais en rassemblant toutes nos forces pour un simple élan vers Dieu, qui fera le reste.
La deuxième... C'est le bon sens qui la dicte. Puisque nous sommes là, il faut continuer, mais sans trop d'ambitions. Un jour de souffrance à la fois. A chaque jour suffit sa peine.
Quand les mots de l'Evangile et ceux de la sagesse humaine se rencontrent... (Merci Lysiane pour la photo)