jeudi 30 avril 2009

Faire à nouveau connaissance

La première fois, c'était en septembre. Les arbres jaunissaient, l'arrière-saison sèche et pas encore fraîche n'enlevait rien pourtant au charme de ce qui allait devenir notre maison. Le jardin semblait aussi net que l'intérieur, après 32 ans de soins attentifs prodigués par les précédents propriétaires. De quoi faire réfléchir un moment... Pouvions-nous faire aussi bien qu'eux, moquette blanche immaculée dans le salon, buissons taillés à la loupe et gazon coupé aux ciseaux à ongles ?
L'état de la moquette n'est plus une question, la petite tribu de Myosotis s'en occupe comme prévu et c'est tant pis (ou tant mieux), du moment qu'il y a de la joie.
Dehors, les choses suivent un autre cours... La belle saison est arrivée avec ses surprises, il faut tout redécouvrir et faire à nouveau connaissance avec notre home : là ou l'on pensait avoir vu des (sortes de) buis, les fleurs d'azalées explosent, plus nombreuses que les feuilles... Là où l'on savait un vieux lampadaire à gaz dissimulé sous une montagne de lierre (du vilain étouffant et hostile, rien à voir avec Petit Lierre si mignon), on a pu faire place nette et raccommoder la pelouse si bien que d'ici peu on oubliera qu'il y a avait là autre chose. Et d'autres buissons fleurissent alentour... Ecureuils et petits oiseaux animent le décor... On va laisser la loupe et les ciseaux à ongles, pour un premier printemps c'est déjà très bien comme ça !

jeudi 23 avril 2009

L'essentiel est invisible pour les yeux

La vie n'est pas un rêve. Au contraire, la dure réalité travaille chaque jour à nous ramener à elle.
Pourtant parfois surviennent des instants, des étincelles, des échappées vers l'idéal. Et l'on se reprend à rêver. Ce n'est pas vraiment notre faute... C'est que la beauté, la douceur, l'harmonie reviennent obstinément battre les portes de notre coeur, comme des vagues inattendues qui explosent soudain à deux pas de la promenade et nous laissent aussi incrédules que trempés. On n'y croyait plus, on n'y pensait pas, on avait autre chose en tête, et puis la fatigue...
Mais voilà...
Avez-vous écouté Susan Boyle sur You Tube ? Cette fois, ils sont nombreux ceux qui soudain en reviennent à croire au merveilleux oublié dans un coin... Dans un univers plein de vanité, où l'on rencontre surtout convoitise et déceptions derrière les parures et les sourires brillants, Susan Boyle est entrée, son sourire et sa voix étourdissante ont désarmé les critiques. La vague de son succès déferle, planétaire. Encore une histoire de Cendrillon, Peau d'âne et Vilain petit canard... Un conte merveilleux comme on les aime...
De même, avez-vous lu L'élégance du hérisson ? Une sorte de Susan Boyle

petite, laide, grassouillette, concierge semi-débile à Paris, rencontre un monsieur d'une soixantaine d'années, fort présentable et fort japonais. Il est plutôt petit, mince, le visage ridé mais très net.
Et c'est le coup de foudre. Parce qu'ils ont la même passion pour la beauté de la langue et des choses. Parce qu'il sait déceler en elle les trésors qu'elle prend soin de cacher. Parce qu'elle ne peut pas les cacher si bien qu'elle le voudrait aux yeux d'un observateur si avisé, prince charmant exceptionnellement doué.
Ce que Susan Boyle offre à la télévision en toute innocence, Muriel Barbery l'a construit, développé, enrichi de son érudition et de son amour pour la culture japonaise. Mais c'est toujours la même histoire, le même bonheur qui fait déborder les yeux du public frissonnant : derrière les apparences décevantes, au-delà de la réalité terne et froide, quand le trésor enfin décelé se laisse admirer, tout devient possible... Au moins le temps d'un rêve. Myosotis aime bien y croire...
On ne voit bien qu'avec le coeur.

(Merci, Lysiane, pour les premières de ces fleurettes que vous ne regardez pas comme des mauvaises herbes, n'est-ce pas ?)

dimanche 12 avril 2009

Un billet pour Father Bill

La fin du carême, la Semaine Sainte, les beaux offices du Triduum, on fait de son mieux pour être prêt... On aime les petits lapins et les oeufs décorés (les petits américains ramassent dans leur jardin, au lieu de chocolat, de jolis oeufs en plastique remplis de bonbons) mais on cherche à aller au-delà...
Et soudain, tout prend un sens différent : le curé de notre paroisse américaine, Reverend G. William Finch, Father Bill plus simplement, est mort subitement juste après la messe du Jeudi Saint. Il avait célébré joyeusement ses 55 ans la veille. Il venait d'achever une célébration joyeuse entre toutes quand il est tombé dans son église, entouré de paroissiens et de confrères prêtres qui ont eu le temps de lui administrer les derniers sacrements. C'est une belle fin...
Le jeune prêtre épuisé mais souriant qui l'a remplacé pour les offices suivants a bien insisté sur la joie de vivre qui animait Father Bill et sur notre devoir à présent : il est évidemment interdit d'être triste. Merci, Petit Bouton d'or, de nous ramener à l'essentiel :

mercredi 8 avril 2009

Quoi ? L'éternité

D'abord le temps qui passe, très vite, parfois un peu trop. Mille tâches humbles, répétées mille fois, douceurs et amertumes du train-train, petits soucis et gros bobos, bisous câlins et pain quotidien.
Puis le temps qui change. Printemps qui n'en finit pas de se déclarer, aller-retour de froid et de grand vent qui ont abîmé la parure de Cherry Blossom, la grande fête annuelle des cerisiers en fleurs. Les jolis pétales ont volé partout pour finir dans la boue au coin des maisons, tandis que les frondaisons blanches et roses faisaient place très vite aux bourgeons verts des feuillages nouveaux.
Puis le temps des retrouvailles avec Maman Jardinette venue passer Pâques de ce côté de l'Atlantique. Que de fils à renouer pour se retrouver... On se promet de partager des moments agréables, on va jouer aux touristes et pour commencer on choisit de visiter une exposition d'Ikebana. On a organisé la sortie, après la conduite à l'école de Petit Sapin et Petit Bouton d'or pas encore en vacances, en misant sur la bonne volonté de Petit Lierre probablement privé de sa sieste habituelle. Mademoiselle Bee déjà en vacances mais fatiguée accepte la promenade et se désigne d'elle-même reporter-photographe, on prépare l'itinéraire et le snack de Petit Lierre et on y va.
L'Arboretum s'éveille doucement après l'hiver, il fait froid. On trouve le pavillon des Bonsaïs, on y est pour de bon.
Un coup d'oeil rapide dans la salle d'exposition permet de supposer que Petit Lierre peut y gambader librement, d'aimables bénévoles semblent partager cet avis, on commence à regarder...
Et soudain, l'éternitéDe petits morceaux d'éternité, tenus en équilibre sur les branches délicates
Des compositions d'éternité, un peu de fleurs et beaucoup d'harmonie
Un immense sentiment de bien-être né d'une surprise
















ou d'un petit éclat de perfection
Le temps de respirer

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'éternité.