lundi 24 janvier 2011

Les éléphants comme avant

Encore une belle rencontre... Les racines du ciel, cela désigne l'aspiration à autre chose, cette exigence qui habite le coeur des hommes.
Prix Goncourt de 1956. Un long récit plein d'esprit et de profondeur. 495 pages incroyables qui voient se croiser de nombreux personnages autour d'un héros sans prénom, le français Morel, ancien déporté désormais attaché à défendre la faune africaine par tous les moyens.
Chacun des protagonistes a déjà tant vécu que rien ne peut plus le surprendre et d'ailleurs, en AEF, on a déjà tout vu... Sauf une épopée comme celle de Morel, qui défie l'apathie, le cynisme et les idéologies les plus virulentes, sans verser pour autant dans la quête éthérée d'un lointain idéal. Morel est un homme qui réclame le droit d'être humain.

(...) Tout le monde trouve malin d'annexer les éléphants, mais personne ne fait rien pour eux. Remarquez, que chacun associe les éléphants à ce qu'il y a en lui de plus propre, moi, ça me va. Pour le reste, qu'ils soient communistes, titistes, nationalistes, arabes ou tchécoslovaques, je m'en fous... ça ne m'intéresse pas. S'ils sont d'accord là-dessus, moi, ça me va. Ce que je défends, c'est une marge - je veux que les nations, les partis, les systèmes politiques, se serrent un peu, pour laisser de la place à autre chose, à une aspiration qui ne doit jamais être menacée... Nous faisons ici un boulot précis - la protection de la nature, à commencer par ses plus grands enfants... Faut pas chercher plus loin.

Il faut sans doute le lire deux fois au moins, ce roman. Et après cette lecture, une chose est certaine : on ne verra plus jamais les éléphants comme avant...

mardi 18 janvier 2011

Cotillion

Le jour où Petit Sapin a demandé qu'on l'inscrive au cotillion avec ses copains d'école, la surprise a été grande, mais il a insisté...
On est allé acheter la tenue de rigueur : blazer, pantalon beige, chaussures d'uniforme et chaussettes sombres, avec une cravate empruntée au Grand Chêne par là-dessus.
Ensuite, il a fallu organiser le car-pool, être à 19h00 au lieu de rendez-vous et revenir à 22h45 pour le retour à la maison.
Enfin, il restait une étape à franchir : être le parent dévoué qui prend en charge une certaine quantité de jeunes gens en blazer et pantalon beige avec cravate paternelle pour aller sur les lieux du cotillion.
Le départ est toujours étonnant : en plein hiver, les demoiselles qui se pressent au lieu de rendez-vous dans leurs belles robes de soirée et les chaussures à talons de leur maman sont si court vêtues qu'on a froid pour elles. Mais on se fait une raison (les Américaines ne sont pas frileuses) et on y va.
Descente vers le centre de Washington DC, on suit un père de famille qui sait où aller et on finit par arriver dans la cour d'une vaste école privée dont le gymnase est éclairé. Jeunes gens et jeunes filles (sur leurs talons hauts) courent vers le bâtiment tandis qu'on s'en va garer la voiture. On revient et on salue une aimable dame qui indique un endroit, à l'étage, où l'on peut s'asseoir pour assister à la soirée.

A cotillion is a formal ball, often associated with presenting debutantes to society. It is also a program combining classes, parties and dance to educate young people in the social graces, including proper and formal etiquette. Such etiquette shows respect for others and is beneficial to succeeding in today's competitive society.
Les jeunes filles font cercle autour du gymnase, les jeunes gens derrière elles, nettement moins nombreux. Au centre, une dame élégante et compétente tient un micro et répète le détail du pas que l'on apprend ce soir :
Step, step step, turn...
Les jeunes filles s'appliquent, les jeunes gens aussi (pas tous), d'abord en solo puis par couples. Les filles qui ont un cavalier semblent s'amuser beaucoup moins que les autres, qui papotent en agitant leurs longs cheveux sur leurs épaules découvertes. Toutes sont gantées de blanc et portent des robes chatoyantes, décidément très courtes, parfois aussi très décolletées.
D'autres dames les surveillent et font alterner les cavalières tandis que les garçons dansent à chaque fois. Certains font les clowns, d'autres semblent s'ennuyer profondément. Les couples ainsi formés s'appliquent à ne pas se regarder, les bras tendus et le visage tourné chacun de son côté. Certains font de leur mieux et dansent vraiment, sans se soucier d'éventuelles différences de taille assez drôles, vues de loin.
Certaines jeunes filles ne dansent pas une seule fois mais bavardent et rient sans arrêt.
Enfin, sur un signal, les garçons vont chercher des chaises puis installent les filles et vont leur chercher une boisson. On fait cercle, assis, pour causer et déguster un cookie apporté sur un plateau par les dames de surveillance.
Un autre signal, on range les chaises, puis les garçons, une fille au moins à chaque bras, traversent le gymnase pour venir saluer courtoisement les organisateurs de la soirée. Alors Petit Sapin fait un signe à Myosotis : il faut se dépêcher de retourner à la voiture pour aller finir la soirée chez Mac Do... Perpétuer les raffinements de l'élite sociale, ça donne faim de frites et de cheese burgers. Et pendant que Petit Sapin et ses copains se restaurent, Myosotis médite dans la voiture : cotillion or not cotillion ? Quel est le sens profond de tout ça ?