Cette phrase se trouve dans Notre-Dame de Paris, lorsque l'archidiacre Dom Claude Frollo envisage gravement le développement à venir de l'imprimerie qui remplacera les lettres de marbres et les pages de granit de la belle cathédrale. Victor Hugo affirme que
jusqu'à Gutemberg, l'architecture est l'écriture principale, l'écriture universelle.Mais voilà qu'au XVe siècle
la pensée humaine en changeant de forme allait changer de mode d'expression, que l'idée capitale de chaque génération ne s'écrirait plus avec la même matière et de la même façon, que le livre de pierre, si solide et si durable, allait faire place au livre de papier, plus solide et plus durable encore. (...)
Le livre va tuer l'édifice.
L'invention de l'imprimerie est le plus grand évènement de l'histoire. C'est la révolution mère. C'est le mode d'expression de l'humanité qui se renouvelle totalement, c'est la pensée humaine qui dépouille une forme et en revêt une autre (...).
Sous la forme imprimerie, la pensée est plus impérissable que jamais ; elle est volatile, insaisissable, indestructible. Elle se mêle à l'air. Du temps de l'architecture, elle se faisait montagne et s'emparait puissamment d'un siècle et d'un lieu. Maintenant, elle se fait troupe d'oiseaux, s'éparpille aux quatre vents, et occupe à la fois tous les points de l'air et de l'espace.
Que dirait Victor Hugo devant un ordinateur ?
Que penserait-il du rôle de Facebook et autres Twitter dans les mouvements révolutionnaires du Proche Orient (par exemple) ?
Si l'imprimerie a tué l'architecture, que va faire le i-Pad tout neuf du Grand Chêne à la bibliothèque de Myosotis ?