mardi 27 janvier 2015

Des minutes immenses

Soir de repassage. On y va méthodiquement, en essayant d'être efficace mais de limiter les faux plis sur les chemises du Grand Chêne.
Et soudain, un troupeau de pachydermes dévale l'escalier, puis Petit Sapin tout hérissé, rouge et les yeux brillants, envahit l'espace de repassage et me serre dans ses bras en criant :

Je suis admis au Honors College de UMD !!!
C'est visiblement une bonne, très bonne nouvelle, je participe au mouvement (d'ailleurs, c'est plus prudent) mais je me demande quand même : UMD, qu'est-ce que c'est, déjà ?... Ah oui, University of MarylanD !)
Mon grand ! C'est magnifique, formidable !
Il continue à sauter en me faisant tourner avec lui (sa joie est contagieuse, mais il n'y a pas beaucoup d'espace, en fait, près de la table à repasser... Et je cherche à me souvenir... Honors College ? On en a déjà parlé ? Qu'est-ce que c'est au juste ? Je risque une question :
C'est vraiment génial... Et on y étudie quoi ?
Je sais pas ! C'est super !!!
Alors le plus important s'impose à mon esprit : il a une réponse pour l'année prochaine, dans ce système si complexe des universités américaines, il a enfin une certitude, et c'est un appui solide. Il peut être content, d'autres réponses viendront mais celle-là suffit à balayer bien des nuages...
Emporté par son élan, après avoir vérifié que je tenais encore sur mes jambes, il repart vers son ordinateur pour échanger des nouvelles avec d'autres...
C'est alors seulement que je réalise, rendue à mon repassage, toute la joie du moment. Ces minutes de bonheur-là s'étirent jusqu'à devenir immenses, pas loin de l'infini...

Elles y rejoignent d'autres minutes précieuses, vécues deux ans auparavant : en allant assister à son conseil de classe, j'ai vu Mademoiselle Bee courir vers moi du bout du couloir du lycée, ses cheveux encore blonds déployés comme des rayons autour de son sourire éclatant, et elle m'a prise dans ses bras en criant :
Je suis admise à Sciences Po !
Là, je savais bien de quoi il était question, je n'ai pas eu besoin de temps pour comprendre et je n'ai pas dit grand-chose... Car tous les efforts déployés, les cours supplémentaires tard le soir et la tension de la préparation, tout cela est retombé sur nous comme une heureuse averse...
Les embrassements vigoureux de la demoiselle accompagnaient mon émotion (il a fallu commencer les larmes aux yeux le conseil de classe...) tandis que ces minutes de bonheur se gravaient en moi, immenses, pas loin de l'infini...


dimanche 4 janvier 2015

Pour commencer 2015

Après la magie d'un Noël familial et paisible, la douceur d'un réveillon tout aussi familial et presque aussi paisible (il a fallu attendre Petit Sapin parti jouer de la musique pour une bonne cause en début de soirée) et la gourmandise rituelle de la galette des Rois (ça y est, on sait trouver les ingrédients pour la faire comme on l'aime...), il n'est pas trop tard pour envoyer de bons voeux et d'affectueuses pensées...
Mais au passage, on voudrait partager le bonheur d'une soirée au théâtre qui a comblé Myosotis et son Grand Chêne :


Le divorce en question, c'est l'abîme essentiel qui sépare le Mal et le Bien.
C.S. Lewis met en scène un narrateur embarqué à bord d'un bus avec des passagers plus ou moins sympathiques. On comprend peu à peu qu'ils sont en route vers le Ciel, mais chacun est encombré de préjugés et de certitudes qui compromettent le voyage. Chacun bénéficie pourtant de l'intervention pleine de sollicitude d'un être lumineux envoyé à sa rencontre... Tout semble bien simple, si l'on écoute ces guides bienveillants, mais pour les suivre il faut franchir un pas décisif : renoncer à son lézard familier (symbole de bien des choses...), renoncer à l'obsession de la renommée, à un amour exclusif, à l'exercice du pouvoir...
Le narrateur très troublé voit défiler plusieurs personnages et reçoit avec un soulagement mêlé de stupéfaction les explications que lui donne l'être lumineux envoyé pour lui. Puis il se réveille...
C.S. Lewis n'avait pas écrit pour la scène. Cette adaptation laisse une large place à un écran géant, en arrière-plan, pour donner à voir la ville pluvieuse qui figure l'Enfer, la silhouette du bus allégorique et le beau Ciel bleu déployé sur un somptueux décor de montagne...
La technologie fait ainsi alliance avec le génie du texte pour guider le spectateur le long du chemin de conversion de l'auteur lui-même.
Les bonnes résolutions qui s'ensuivent ?
D'abord, je me méfie de mon lézard familier...
Ensuite, je m'ouvre aux merveilles de la technologie.
Enfin... J'attends mon bus en lisant C.S. Lewis.