mardi 17 mars 2015

Le barber de Rockville

Les Américains laissent les dames aller chez le coiffeur et profitent des tarifs avantageux du traditionnel barber. La partie masculine du Petit Jardin a vite adopté cette pratique économique et va une fois par mois environ s'y faire faire une coupe rapide (et très convenable).

Dans cette boutique sans fioriture, on attend son tour en regardant du sport et des news à la télé, ou en feuilletant des magazines qui présentent des voitures avec des décolletés avantageux, et des publicités qui affirment : "Mais si, prenez une douche avec du savon, votre petite amie sera contente..."
Il faut cependant être attentif car le barber peut faire des excès de zèle et Petit Lierre (que le Grand Chêne avait un jour perdu de vue pendant leur coupe respective) est revenu une fois avec si peu de cheveux sur la tête qu'il n'a pas eu besoin d'y retourner le mois suivant...

Tout allait bien, jusqu'au jour où notre Jeune Sapin y est allé seul et a perdu son ticket de stationnement... Il a eu l'idée malheureuse de forcer le passage derrière une autre voiture pour quitter le parking, s'est rendu compte que ça ne marcherait pas quand la barrière s'est refermée sur lui, a voulu reculer et est allé heurter un pick-up garé non loin de là...
Quelle émotion au téléphone, quand Myosotis a entendu sa voix annoncer : "Maman, j'ai eu un accident !" Heureusement, il n'y avait que des dégâts matériels (sérieux mais la voiture roulait encore). On a rassuré (ça arrive à tout le monde...), on a réconforté, on a indiqué la marche à suivre : demander de l'aide pour sortir du parking, laisser nos coordonnées sur le pare-brise du pick-up abîmé, puis rentrer doucement.
Ici intervient de nouveau le barber. Cet individu douteux a refusé de donner de quoi écrire à notre Jeune Sapin, au motif que "si tu laisses ton nom, il faudra payer !" et lui a fait quitter le parking en vitesse !
Myosotis a donc téléphoné au gardien du parking et signalé l'incident, en laissant toutes les informations utiles pour que le conducteur du pick-up n'aille pas entreprendre une action pour délit de fuite... 
Mais la colère grondait, à l'idée qu'un adulte (a priori raisonnable) puisse donner de tels conseils à un garçon de 17 ans... Myosotis fort agitée a donc déclaré bien fort à ses enfants qu'on avertirait le Grand Chêne (alors absent) et qu'on changerait les habitudes : "On n'ira plus chez ce barber !"
Or Petit Lierre, très intéressé, n'avait rien perdu de toute l'affaire et avait suivi pas à pas sa Maman au téléphone, puis gesticulant dans la cuisine. Il a bien senti la colère et le subtil désir de vengeance contenu dans cette promesse de changement, mais il s'est laissé induire en erreur par une similitude phonétique intrigante. Il a donc demandé, persuadé sans doute que l'on préparait une expédition punitive sanglante : "Dis Maman, ça veut dire quoi plucher le barber ? On va lui faire quoi ?"

mardi 3 mars 2015

La neige, la neige, toujours recommencée...

Voilà notre huitième hiver en terre américaine. C'est parfois très joli.


 Au carrefour des influences glaciales du nord et tropicales du sud, huit saisons imprévisibles (les services météorologiques ne cessent de le répéter en tentant leurs prévisions), toujours différentes des précédentes.


Myosotis a appris à ne pas ranger les vêtements d'hiver, à laisser les luges et les pelles à neige dans un endroit accessible, à remplacer les pull-overs par des vestes ou des châles faciles à mettre ou enlever en un tournemain.
Le Grand Chêne a appris qu'il ne faut pas tenir compte de la date pour décider d'arrêter le chauffage, qu'il vaut mieux vérifier sur Internet avant de partir si le métro fonctionne normalement et que les effets de la pluie verglaçante peuvent être spectaculaires.


Les plus jeunes savent qu'il ne faut pas sortir de son lit avant d'être assuré de l'ouverture des écoles, qu'il y a un temps pour rester inerte devant un écran et un autre pour sortir déneiger chemin et trottoirs, et que certaine qualité de neige n'est bonne que pour les batailles devant la maison.

Après de longues années de service, le canard de bois qui ornait la terrasse a baissé les ailes et fini sa carrière dans la cheminée, en janvier. On a donc décidé de le remplacer par un autre presque identique, acheté pour la Saint Valentin, dont on s'est promis de prendre soin.
Au mépris des expériences passées, on voulait attendre qu'il fasse beau pour le mettre en place.
Il a fait beau.



Mais pas très longtemps.


L'année dernière, la tempête finale de la saison a eu lieu le 30 mars. Comment savoir ce qui arrivera cette année ?
Une seule certitude : pas de place pour la monotonie.