samedi 24 septembre 2016

Une promesse

C'était à Kyoto, dans la chaleur étouffante de ce mois d'août.
Près d'un temple pourvu d'un nombre de jardins inhabituel, il y avait d'abord un jardin de pierre


puis un autre dans lequel des carrés de buisson se découpaient sur le gravier blanc



et encore un autre parsemé de carrés de pierre...



Pour passer de l'un à l'autre, les limites étaient parfois très nettes



d'autres passages étaient simplement marqués par l'angle du bâtiment lui-même, dont on faisait le tour en suivant (nu-pieds) les longues galeries de bois.

Plus loin, les arbres et les buissons du parc s'étendaient plus naturellement.



Ils semblaient accessibles, offerts au regard comme à la promenade, et ils abritaient de jolies surprises



 Mais en passant près d'un érable japonais, mon regard est tombé sur une branche tendue à ma hauteur. Et je me suis arrêtée pour regarder une feuille, simplement délicate et jolie, tendue au bout de la branche comme un geste amical dans la lumière.
Sans la toucher, sans même la photographier, je l'ai bien regardée pour graver en moi son image. Je lui ai promis de me souvenir d'elle, quand elle serait devenue dorée, puis sèche, avant qu'elle ne tombe sur le sol de mousse...

À présent, ici, à Washington DC, les arbres se préparent à lancer dans le vent des tonnes de feuilles colorées... Il fait frais le matin, quand chacun s'en va vers sa journée. Le rythme quotidien est exigeant, Mademoiselle Bee me sollicite pour toutes les étapes de son changement d'orientation, Moyen Sapin est parti vers le Nord pour ses études, Petit Bouton d'or a mille projets en plus de ses cours, il faut accompagner Petit Lierre ici et là, le Grand Chêne travaille dur et tard...
De retour au lycée français, je cherche l'équilibre entre mes heures de cours, le petit Jardin, le soin de la maison, les courses et le reste... Déjà un peu trop de fatigue, et pourtant j'aimerais faire tellement plus...
Mais je me souviens de ma promesse. Et je pense à cette petite feuille, délicate et lointaine. Et c'est un peu de la sérénité du lieu qui vient habiter mon automne.