(D'après un authentique manuscrit françois retrouvé au fond d'une malle, dans le Nouveau Monde)
Voici l’histoire incroyable mais édifiante de la Damoiselle de Cancale, qui
un beau matin quitta l’air marin pour la douceur angevine.
La Damoiselle de Cancale avait vu le
jour près de la mer Manche et s’y trouvait si bien qu’elle ne la pouvait
quitter de plus de quelques lieues sans se languir. Elle avait estudié dans maints
livres art et histoire, elle savait graver la pierre et elle avait couru le
monde mais sans trouver le repos du coeur. Elle estudia encore et se lia avec
une Damoiselle au grand cœur mais sans repos, qui après bien des aventures la
mena travailler aux vendanges pour se distraire. L’amie se doutait un peu que
le Maître Vigneron pourrait plaire à la Damoiselle de Cancale, mais comment
eût-elle deviné les suites de cette histoire ?
La Damoiselle et le Maître Vigneron se plurent et complurent si fort qu’ils
n’eurent pas besoin de longtemps pour résoudre de vivre ensemble. Le travail
des vignes et les solides amitiés tissées au fil des ans n’avaient point comblé
le cœur du Maître Vigneron, pas plus que la Damoiselle n’avait trouvé plénitude
au long des jours de sa prime jeunesse. Installés tous deux enfin dans le
village du doux Berry où le Maître soigne ses vignes, voilà qu’il leur naquit
un rejeton sans pareil et le désir de fonder un foyer. Les noces furent donc
fixées au solstice de l’été suivant.
Las ! Que n’avaient-ils appelé pour parfaire leur demeure ouvriers et
paysans du voisinage, valeureux et bons artisans qui eussent pu leur venir en aide !
La Damoiselle intrépide, pour en dégager la pente, voulut monter sur un toit si
traître que le pied lui manqua et qu’elle chut à s’en rompre le col… Éternelles
grâces soient rendues à Dieu par l’entremise de son serviteur Saint Joseph de
Copertino de ce qu’elle fut seulement blessée mais n’y perdit point la
vie !
Secourue et pansée par les plus grands médecins, elle passa de rudes
semaines à patienter sur sa couche de douleur, tandis que de charitables gens s’empressaient
pour prendre soin d’elle, ainsi que du rejeton sans pareil. Le Maître Vigneron
trouva la force de mener à bien son labeur en prenant sa part des soins de la
belle et du rejeton, fruit de leurs amours. Enfin la Damoiselle put se relever
et se parer pour les noces.
Comme ils étaient beaux tous deux, le Maître Vigneron coiffé de ses plus beaux
chapeaux et la Damoiselle délicatement fardée, coiffée et enveloppée de sa robe
de rêve ! C’est ainsi qu’elle devint Dame de Faverolles, pour la plus
grande joie de sa famille et de leurs amis. Le Maître Vigneron travailla de
plus belle et se promit de bâtir pour sa Dame un château où grandirait leur
descendance.
Désormais flanquée de leur rejeton sans pareil, occupée aux soins du ménage
et souvent au service des vignes et du vin, elle n’en conserva pas moins le goût de
l’aventure. Alors sans plus se risquer sur des terrains peu sûrs, elle se lança
dans le commerce d’épices et de denrées dont sont friands les bonnes gens de
Faverolles, privés depuis longtemps de leur négociant particulier. Ainsi
peut-on festoyer dans ce joli village désormais plus accueillant que jamais, et
dans ses alentours !
Que le bon vin abonde, que les épices et gourmandises de tout le pays (et
même les fruits de mer de son rivage natal) affluent pour le bonheur de chacun,
et que la prospérité de la Dame de Faverolles et de son Maître Vigneron soit
redite de génération en génération !
2 commentaires:
Le moteur de recherche capable de dénicher la trace de l’œuvre originale n’est pas encore programmé. Qu’importe, le Nouveau Monde révèle un bien beau récit. Qu’on se le lise !
LT,
qu'en termes galants ces choses là sont dites !
un récit gai et captivant pour qui connait l'histoire !
l'art de l'écriture allié aux sentiments donne un beau résultat !bravo !
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