jeudi 5 novembre 2020

Mon silence comme un cadeau

 Je crois que je m'en sors plutôt bien avec ce changement d'heure. J'ai réussi à régler les horloges, fours et autres pendules, je parviens à traverser les journées sans trop de confusions et la tombée abrupte de la nuit me laisse à peu près indifférente

Mais que de choses à faire et à penser ! Le Grand Chêne travaille nuit et jour, Petit Lierre et Moyen Sapin ont leurs horaires, je conduis çà et là qui en a besoin, je fais les courses soigneusement masquée et je m'occupe de la maison... Sans oublier de prendre soin de la chienne Birdie, toujours si confiante et affectueuse, dont la présence illumine notre quotidien.



Et puis je prépare mes cours, que je donne en me battant contre les ennuis techniques (les miens) et la relative attention des élèves (qui eux savent surmonter leurs ennuis, quand ils le veulent).

Et je m'efforce de suivre et de comprendre l'actualité, le coeur brisé par le terrorisme et l'esprit incrédule devant le manque de bon sens qui semble devenu la norme.

Alors quand je suis au volant, du calme. On s'énerve à ma gauche, on s'énerve à ma droite, devant, derrière, comme je le comprends ! Tout ce stress urbain, tous ces soucis accumulés, combien de gens dans les voitures qui m'entourent ont la tête pleine de chagrins et de préoccupations qui les rongent à petit feu ? Une petite prière, en passant, et surtout, de la patience.


Et si la voiture qui me précède tarde à démarrer au feu vert, je ne fais rien. Qu'il soit sottement occupé sur son téléphone ou perdu dans de sinistres pensées, qui suis-je pour le juger ? Ce conducteur va peut-être tarder au point de me faire passer une deuxième série de secondes au même carrefour, devant le même feu redevenu rouge. Tant de choses sont tellement plus graves... Tant pis, je ne klaxonne pas. Et même s'il ne le remarque pas, je lui offre mon silence comme un cadeau. Ce sera toujours un sursaut de moins, un bruit agressif qui ne sera pas lancé dans la cacophonie ambiante, un signe de sévérité qu'il n'aura pas à recevoir. Et je remplace dans mon coeur ce fragment d'énervement par un mouvement de compassion. Quand il va se décider à démarrer, qu'il aille doucement, et qu'il regarde où il va...