jeudi 26 mars 2020

Uderzo et Goscinny

Impossible de passer sous silence la mort du dessinateur d'Astérix, en dépit de tout le reste.
Uderzo et Goscinny ont contribué à faire de la bande dessinée un art reconnu, une source de divertissement de qualité et une ressource dont la valeur pédagogique n'est pas contestable.
En relisant Astérix, on revoit ses citations latines, c'est bien connu !
Mais on y trouve aussi un peu de Grec...



Sur un joli bas-relief, en bas à droite de la page 29 d'Astérix aux jeux Olympiques (lecture aujourd'hui nostalgique à plus d'un titre), le dessinateur a mis en scène le duo génial qu'il formait avec son comparse. (Prêt à procéder à un sacrifice, mais armé d'un rouleau de papyrus ?)
On peut transcrire ainsi : en dessous, on écrirait GOSCINNY (1926-1977) et UDERZO (1927-2020) si c'était pour le Panthéon. Et les paroles qu'ils échangent, en phylactères primitifs : "despotès" et "tyrannos", illustrent l'intensité du travail commun.
Pour l'éternité, les deux artistes demeurent dans la posture exigeante et féconde qu'ils ont adoptée en créant leur oeuvre. C'est gravé dans le marbre.
Pleins de reconnaissance émue, nous pouvons désormais voir en eux des Classiques. Démosthène, Cicéron et Jules César lui-même ne sauraient s'en offenser.

lundi 23 mars 2020

Mon héritage

Voilà un mois que mon père est mort.
Il est bien entendu que cela devait arriver. Par ailleurs, l'actualité offre d'autres sujets de réflexion. Pour autant, ce n'est pas une raison.
 Ce deuil, il faut le faire. Il faut apprivoiser cette douleur tapie dans un coin, qui se déploie insidieusement de temps en temps et qui pèse sur mon coeur jusqu'à me couper le souffle. Quand je reprends le contrôle, je passe à autre chose avec un grand soupir. Mais elle reste là, pas loin. Avec son cortège de regrets, de remords, de souvenirs amers...
Vient aussi le moment d'évaluer mon héritage, et là une surprise m'attendait. (Rien qui justifie une déclaration d'impôt particulière, puisque ces valeurs-là sont de celles que l'on ne monnaie pas.)
C'est une phrase tracée sur un petit carton blanc, récupéré selon son habitude dans une boîte de sachets de thé. Il l'a écrite à mon intention, heureux et fier de partager avec moi son savoir d'auto-didacte (lui n'avait pas fait d'études), et sans doute désireux aussi de me montrer qu'il avait des ressources (il connaissait ses Classiques) en cas de coup dur.
C'est un vers de Virgile, en  latin, avec la traduction. Il l'a écrit avec son habituel stylo à bille noir (il avait renoncé au stylo à plume et à l'encre bleue car elle "passait" trop vite), fidèle à l'une de ses innombrables maximes favorites : "Un peu d'encre jaunie vaut mieux que la meilleure des mémoires."
Et je regarde ce petit carton devenu si précieux, et je relis ce vers, avec la référence corrigée...

Et je me dis que ce jour-là, mon père a été bien inspiré.
Et qu'aujourd'hui, entre le deuil qui habite mon quotidien et les difficultés qui envahissent notre monde, son cadeau prend une valeur insoupçonnée.
Forsan et haec meminisse juvabit ?

mardi 17 mars 2020

Comme la misère sur le pauvre monde...


Ce n’est pas que le monde soit paisible ou harmonieux. Les guerres, exactions terroristes, injustices criantes, maladies et catastrophes naturelles (ou non) ne cessent pas. 
Mais voilà des malheurs qui nous touchent autrement… Au point que notre vie en est radicalement changée.
D’un côté, cette épidémie foudroyante qui s’est abattue sur tous les pays, les uns après les autres. On ressort les vieilles statistiques, la grippe espagnole, la peste et le choléra. On calcule et on s’efforce de prévoir pour gouverner, mais en attendant on ne sait pas quoi faire pour empêcher les gens d’être en contact les uns avec les autres… Et nous voilà en quarantaine.
D’autre part, dans notre famille, malheur plus intime mais si profond, la mort de mon père vient de s’abattre sur nous. Il était vieux et diminué, c’est entendu, mais quand il faut fermer un cercueil on n’est jamais sans larmes, parce que l’on pleure ce qui a été au moins autant que ce qui a manqué, et ce qui est fini autant que ce que l’on ne connaîtra jamais.
De la vaste angoisse du monde au chagrin serré dans le cœur, volets fermés et rideaux tirés, il y a de quoi rester lové dans un coin sous une couverture épaisse.
Pourtant, voilà encore quelque chose qui s’abat sur moi quand je me retire dans mon coin… Le museau de velours et le souffle chaud, Birdie vient de loin (elle a été recueillie en Caroline du nord…) et ne fait partie de notre vie que depuis une semaine. Mais elle a compris que son affection encombrante est la bienvenue : 47 pounds de tendresse confiante, disponible à tout moment pour surmonter le reste…