mercredi 10 février 2010

Février


Il neigeait...
A moins de partir loin au Sud, vers la Floride ou le Mexique, personne n'imaginait échapper à l'hiver. On avait acheté un gros sac de sel pour rendre les abords de la maison plus sûrs, on savait où étaient rangées les pelles à neige (au cas où) et les lampes de poche (au cas où). Après les tempêtes de décembre et janvier, on supposait que le compte était bon.
Puis des messages alarmants sont venus interrompre le cours normal des choses et le petit jardin s'est replié sur son foyer, sans trop prendre ces menaces au sérieux, dans un premier temps.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
La quantité de neige a dépassé Petit Lierre. Invitation à faire des provisions, interdiction de sortir en voiture, report de toutes les activités, écoles et World Bank fermées, pour un jour, pour deux jours, pour plus longtemps... Des nouvelles arrivaient : des gens enfermés chez eux sans électricité, des quartiers pas dégagés par les chasse-neige, des maris loin en mission, des arbres tombés ici et là...
Et le Grand Chêne a dû sortir pour dégager le toit trop chargé, tandis que l'on réfléchissait à la quantité de bois qu'il valait mieux rentrer dans la maison pour le cas où l'électricité serait coupée... On se serrerait autour de la cheminée, comme le premier matin, avant que la lumière et la chaleur ne soient enfin rétablies...
On avait fini par dégager le drive-way, les enfants avaient pu aller jouer, chacun s'extasiait devant les tas de neige accumulée et l'on pensait au moment où tout cela fondrait...Mais ce n'était pas fini. Et voilà une autre tempête...
Il neigeait, il neigeait toujours ! la froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus...

Par la fenêtre, les regards se perdent dans les tourbillons de neige fine. Une couche épaisse recouvre ce que l'on avait déjà péniblement dégagé.

Le vent souffle en désordre et les flocons s'accumulent sans uniformité, comme des vagues, des dunes, des pics menaçants à la longue... On craint la chute de branches trop lourdes sur les lignes électriques, on ne veut plus de cette neige, de ce froid immense qui n'attend qu'une occasion pour pénétrer la maison jusqu'au coeur...
C'est février, bien sûr... Mais quand même...

2 commentaires:

Corinne Denoyelle a dit…

chère Myosotis

Il se trouve que chez nous l'hiver est très clément, une légère poudre blanche recouvre le sol. mais c'est très gentil et le froid est très correct. Je ne sais pas si c'est une douceur exceptionnelle ou si c'est la cas en général à Toronto. Quoiqu'il en soit, je relis actuellement toute la série de "la petite maison dans la prairie" sous le prétexte de les faire découvrir à mes filles, mais peut-être plus honnêtement pour retrouver le charme d'une lecture qui a bercé mon enfance (je parle bien de la lecture, j'exècre profondément la série télé). Les relire, vingt après, avec un regard d'adulte et de mère de famille est vraiment surprenant. Relis toi aussi "l'hiver sans fin", ça ne changera rien à votre situation présente, mais je me rends compte maintenant que j'étais passé complètement à côté de ce que cela voulait dire, des tempêtes de neige qui vont d'octobre à mai, des températures qui atteignent les -40°, des successions de tempêtes avec seulement un jour ou deux de temps plus clément. AUjourd'hui seulement, il me semble que je comprends cette longue succession des jours froids et la fatigue que cela implique… Pas parce qu'on vit au Canada, comme je l'ai dit, ici, à part une tempête de neige l'an dernier et deux semaines de grand froid, on n'a rien qui ressemble à ce qui est décrit, mais je ressiens mieux ce qu'ont pu vivre les "personnages." Bref, envoyez nous un peu de neige !! ici, cela manque !!
Bon courage à vous tous et tenez vous chaud !

Anonyme a dit…

très beau texte ;
merci de nous faire partager ce temps d'hiver...
ah oui très beau...
on en redemande !
ti-breizh