vendredi 20 janvier 2012

Le temps qui passe

Quand nous changeons de calendrier, les pensées qui surviennent ne sont pas toutes du même ordre...

Il y a le désir immense de voir tous ceux que nous aimons vivre une nouvelle année heureuse, sereine, belle et bonne... (Et même ceux que nous n'aimons pas parce que nous les connaissons trop peu ou trop mal... ) Nos voeux les meilleurs, en somme.

Il y a le souci immédiat de ne pas oublier les repères placés sur le calendrier 2011 : une semaine sur deux, comme ceci, l'autre semaine, comme cela, avec tel et tel rendez-vous médical ici, le dentiste là, l'orthodontiste aussi... Certaines promesses semblent lointaines (le joyeux rendez-vous des vacances, la visite de Mamie Jardinette...), d'autres presque trop proches déjà (le bac de français de Mademoiselle Bee...).

Il y a les calculs de Petit Sapin qui explique, avec un grand bon sens : "C'est normal que le temps semble passer plus vite quand on vieillit... Au début, un an, c'est énorme par rapport à l'existence totale d'un bébé ou d'un enfant... Mais quand on a 10 ans, c'est le dixième... Et à 20 ans, c'est le vingtième seulement... Et à 40 ans..." C'est pourtant vrai !

Il y a enfin le sentiment indéfinissable du temps qui passe. On le perçoit à certains signes : la succession des saison ou la belle barbe poivre-et-sel que le Grand Chêne se laisse pousser... Et l'on se demande ce qu'est le temps, au fond, et ce que nous y devenons...
L'heure de philosopher a sonné :

En réalité, le passé se conserve de lui-même, automatiquement. Tout entier, sans doute, il nous suit à tout instant : ce que nous avons senti, pensé, voulu depuis notre première enfance est là, penché sur le présent qui va s'y joindre, pressant contre la porte de la conscience qui voudrait le laisser dehors. (...)
Sans doute nous ne pensons qu'avec une petite partie de notre passé ; mais c'est avec notre passé tout entier, y compris notre courbure d'âme originelle, que nous désirons, voulons, agissons. Notre passé se manifeste donc intégralement à nous par sa poussée et sous forme de tendance, quoiqu'une faible part seulement en devienne représentation.

De cette survivance du passé résulte l'impossibilité, pour une conscience, de traverser deux fois le même état. Les circonstances ont beau être les mêmes, ce n'est plus sur la même personne qu'elles agissent, puisqu'elles la prennent à un nouveau moment de son histoire. Notre personnalité, qui se bâtit à chaque instant avec l'expérience accumulée, change sans cesse. (...)

Ouf. (Merci Henri Bergson, dans l'Evolution créatrice.)

2 commentaires:

Adrienne a dit…

ah oui, bien dit!
et mademoiselle Bee passe son bac de français cette année? les enfants vont au lycée français "là-bas aux USA"?
(;-) réminiscence d'une chanson de ma jeunesse)

Lorraine a dit…

A un certain moment de notre histoire...Comme c'est vrai, Myosotis, et comme tu fais bien de nous rappeler que s'il passe, le temps d'hier n'est pas le même que celui de demain...Nous y mettons nos sensations infimes, notre évolution, ce que nous sommes devenus...Que l'année te soit bonne, quelle que soit sa tournure! Bises à toi.