jeudi 6 décembre 2012

Exils

Bientôt 7 ans aux USA...
Après notre propre installation, combien de fois déjà avons-nous vu venir puis repartir et même revenir des familles d'expatriés ? Combien d'amis qui sont partis avec bien des regrets et un peu de nous ? Et maintenant, il vient de se créer le néologisme efficace d'impats (équivalent d'expats, mais à l'envers, ceux qui rentrent dans leur pays d'origine mais s'y retrouvent plus étrangers qu'ils ne l'étaient ailleurs)... Comme si cette aventure de l'exil n'avait jamais de fin, une fois commencée...
Et quand on y songe... Bien des sages comparent la vie elle-même à un exil...
Il y a peut-être là une clé pour vivre plus sereinement : s'il s'agit d'aller d'exil en exil, on ne va pas trop s'inquiéter pour aujourd'hui, tant que ça va cahin-caha, ni pour demain, puisqu'il n'est pas encore là... Quant à hier, on ferait aussi bien de le laisser où il est...
Concrètement, pour le petit jardin, ça va donner quelque chose comme ça : le Grand Chêne travaille toujours comme un forçat ; Mademoiselle Bee prépare le bac et son départ pour le bout du monde ; Petit Sapin fait son chemin au lycée américain ; Petit Bouton d'or se rebelle et veut changer d'école pour son entrée en 6e ; Petit Lierre va entrer à l'école primaire... Même Myosotis travaille beaucoup, en donnant des cours particuliers, entre deux conduites... C'est la vie. Respirons à fond. Un jour après l'autre. Une nuit trop courte après l'autre...
Et au hasard d'un cours de littérature, on tombe sur les mots de Saint-John Perse pour évoquer Robinson Crusoé, un modèle d'exilé-expat-impat hors-norme dont le retour au pays n'a pas pu être simple :

LES CLOCHES
Vieil homme aux mains nues,
remis entre les hommes, Crusoé !
tu pleurais, j'imagine, quand des tours de l'Abbaye, comme un flux, s'épanchait le sanglot des cloches sur la Ville...
O Dépouillé !
Tu pleurais de songer aux brisants sous la lune ; aux sifflements de rives plus lointaines ; aux musiques étranges qui naissent et s'assourdisent sous l'aile close de la nuit,
pareilles aux cercles enchaînés que sont les ondes d'une conque, à l'amplification de clameurs sous la mer...
Il n'y a pas de hasard, en littérature... Il y a des échos... Des cadeaux pour mieux vivre... Respirons à fond...

3 commentaires:

Adrienne a dit…

oui, c'est vrai, chaque oeuvre fait écho à une autre, à plusieurs autres souvent...
d'accord aussi avec on interprétation du Carpe diem :-)
bon anniversaire et attention au seven years itch ;-)

jardinette a dit…

heureux qui comme Ulysse .....
il y a les pierres qui roulent et celles ancrées à jamais à la même place !quelles sont les destinées les + enviables ??
nous vivons ! c'est déjà ça !
la fin décembre nous unira en pensées tendres ...

tricotine a dit…

et tout ceci fait écho à ce que je viens de lire : le jour passé de ta douce présence fut un serein en hiver ténébreux, qui fait prouver la nuit de ton absence a l'oeil de l'âme être un temps plus ombreux que n'est au corps ce mien vivre encombreux qui maintenant me fait de soi refus
car dès le point, que partie tu fus comme le lièvre accroupi en son gîte je tends l'oreille, oyant un bruit confus, tout éperdu aux ténèbres d'Egypte. Maurice SCEVE (1501-1563)
tout un poème qui vous prend comme cela au hasard d'une lecture....
bon vent aux éxilés, à ceux qui reviennent ou qui repartent, à ceux qui restent en espérant être un phare dans la nuit pour ceux qui se perdent de leurs trop longs voyages...
Enormes bises au petit jardin
(qui doit savoir combien vous me manquez tous...)