mercredi 23 avril 2014

Aventures américaines

Après bientôt 9 années passées aux États-Unis, Myosotis a relativement peu voyagé. C'est un paradoxe assez facile à expliquer : tandis que le Grand Chêne parcourt le monde (et se réjouit de retrouver le calme du foyer à son retour), le Petit Jardin a doucement repris racine... Un certain manque de talent pour l'aventure et le surprenant goût de la tranquillité manifesté par les plus jeunes ont fait le reste.
Cela n'exclut pas toute sorte de surprises.
Ainsi, l'un des élèves auxquels Myosotis a le bonheur de donner des cours particuliers de français avait pour devoir (dans tous les sens du mot) de lire Hernani pendant ses vacances (l'objectif étant d'enrichir sa culture littéraire en vue des dissertations qu'il aura à écrire).

On avait supposé que le jeune homme en question lirait dans l'avion, puis rangerait le petit volume dans sa valise à l'hôtel.
C'était compter sans la lassitude (il a dû dormir au lieu de lire durant le voyage), l'inventivité (il a tout essayé pour rattraper son retard de lecture) ou la légèreté du jeune homme.
Le livre est resté là-bas, en Californie. Mieux encore, sur la plage. Sur la plage de Santa Monica, à Los Angeles...


Et devant l'élève d'abord penaud puis stupéfait, il n' a pas été possible de dissimuler la joie née de cet incident : jamais, non, jamais on n'aurait eu l'audace d'imaginer que le drame romantique tant aimé irait accomplir son destin sur une plage mythique de la côte ouest...
Pourtant, c'est bien ce qui est arrivé : quelque part sur le sable de Californie, les pages un peu usées s'ouvrent au hasard du vent et les mots en français s'offrent au soleil :
Je suis une force qui va !
(...)
Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé
D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.
(Et n'objectons pas qu'il finira dans l'abîme profond d'un sac poubelle parmi les gobelets et les restes de pizza... En Californie, c'est bien connu, même les nettoyeurs de plage ont le profil d'un héros de série télé... Ou d'une fresque à la Victor Hugo... Aucune ombre ne peut noircir ce tableau.)

1 commentaire:

Adrienne a dit…

alors je ne noircirai pas le tableau en objectant: "Mais qui lit encore Hernani de nos jours?"
(si ce n'est contraint et forcé ;-))