mardi 13 juillet 2021

Je n'y avais jamais pensé

 Ce n'était pas à cause d'un sentiment d'invulnérabilité présomptueuse, ni par manque de réflexion sur notre condition mortelle. C'est tout simplement que je pensais plus souvent aux accidents de voiture ou aux maladies du coeur... Mais voilà qu'un jour, pour un mauvais résultat d'analyse, la gentille dermatologue rencontrée pour la première fois m'envoie à un autre spécialiste, et tout s'enchaîne.

Ils m'ont beaucoup répété que je suis "très jeune" et donc que je ne dois pas hésiter : en suivant le traitement recommandé, avec au moins 85 % de réussite assurée, j'éviterai le développement à venir d'autres cancers variés. Ils m'ont parlé des effets secondaires, nettement moins pénibles depuis les progrès récents dans ce domaine. Mon assurance médicale (c'est une chance) a accepté de financer tout ça. Alors j'ai signé, et j'ai accepté d'entrer dans un essai clinique, pour être utile à la science tout en recevant cette immunothérapie. Cela me vaudra des examens supplémentaires, mais je bénéficierai aussi d'un suivi très sourcilleux.

 



La procédure n'est pas compliquée : une fois par mois, je me rends en Virginie, dans une immense cité médicale flambant neuve (les travaux d'aménagement de l'entrée ne sont pas terminés, mais le reste est impeccable). Au rez-de-chaussée, prise de sang. Au 5e étage, rencontre successive avec l'oncologue et son assistante, qui me posent les mêmes questions chacun leur tour, écoutent les miennes et me font les mêmes réponses. Comme c'est en anglais, j'en profite pour vérifier que j'ai bien compris...

 


 

Et au 8e étage, intraveineuse pour recevoir une poche de produit préparé pour moi et apporté par deux infirmières qui vérifient ensemble qu'il n'y a pas d'erreur avant de l'installer dans le goutte-à-goutte.

Combien de personnes suivent ce parcours chaque jour ? Combien d'histoires se croisent et de drames se nouent autour de moi et dans les autres immeubles que j'aperçois depuis les fenêtres de la salle ? Combien de vies sauvées, qui reprennent leur cours interrompu un moment ?

J'ai parfois l'impression d'être là par erreur, puisque le diagnostic a été fait très tôt et que la maladie devrait être étouffée dans l'oeuf... J'ai même la chance jusqu'à présent d'être épargnée par les effets secondaires les plus redoutables. Je suis simplement fatiguée, fatiguée.

Et pendant que chaque goutte se détache du sachet pour suivre son parcours jusqu'à mon bras, je regarde par les larges fenêtres le sommet des arbres et les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !

Et l'infirmière me réveille quand c'est terminé.

3 commentaires:

Adrienne a dit…

ça fait un choc, de l'apprendre...
Bon courage et bon rétablissement!

Corinne Denoyelle a dit…

Oh là là… Ce n'est pas vraiment l'histoire qu'on avait envie de lire. Oui, c'est un choc de l'apprendre. On partage ta confiance en la vie et en ton équipe médicale. Tu nous tiens bien au courant, hein ? Je t'embrasse très fort et j'espère que le plus de famille possible est présent et disponible pour te soutenir et t'aider à te reposer. Je te souhaite beaucoup de câlins de chien, d'amour des tiens et de bonnes lectures. Je t'envoie mes prières.

jardinette a dit…

tu as l'air de prendre cette épreuve avec sérénité et confiance ce qui me rassure un peu ! j'espère que toutes les prières que tu dédies à chacun depuis des années vont te retransmettre que du positif et te soutenir jusqu'à la victoire finale dont je ne doute pas un instant ! tout mon amour t'accompagne à chaque instant . Que la Providence te protège !