mardi 2 juin 2009

Traversées

Il est bien entendu que de réels progrès ont été accomplis depuis Christophe Colomb. Quelques heures (mêmes longues, surtout quand des voisins bruyants ou de mauvaise humeur compliquent les choses...) suffisent pour passer d'un continent à l'autre. Simple formalité.
On a oublié les longs mois d'attente, du temps où l'on découvrait tout juste que la terre était effectivement ronde. On s'amuse des terreurs antiques, de ces croyances obscures fondées sur les récits des marins (monstres et gouffres derrière chaque cap...). On rit des poètes latins qui rappelaient encore au temps de Virgile que prendre la mer, somme toute, allait contre l'ordre des choses et revenait à commettre un sacrilège. On se replonge avec un certain plaisir dans l'angoisse fascinée des voyageurs intrépides dépourvus de carte, de boussole, de gouvernail, qui partaient sur une intuition et avec l'orgueilleux espoir de découvrir un Autre Monde...
Il n'y a pas si longtemps que les voyages aériens ont renforcé cette impression que nous maîtrisons parfaitement à présent tous les mystères de notre petite planète bleue.
Myosotis plus jeune se laissait fasciner par les avions et leurs traînées plus ou moins durables dans le ciel bleu de son enfance... Partir aussi haut, aussi loin, c'était entrer dans une autre dimension. Posséder un passeport, remplir une grande valise, s'embarquer pour ailleurs... Inaccessible, assurément.
Mais un jour, l'expatriation a fait de tels voyages un ingrédient du quotidien. Parmi les autres expatriés qui ont toujours un époux ou un parent en partance ou sur le point d'arriver, pas question d'avoir l'air étonné ou même simplement dubitatif : prendre l'avion est naturel, c'est un amusant privilège, voilà tout. (Les statistiques montrent bien d'ailleurs que les risques d'accident sont sensiblement plus élevés sur l'autoroute...)
Et pourtant... S'élever au-dessus des nuages pour traverser un océan n'est pas, ne peut pas être, ne sera jamais tout à fait anodin. 228 disparus le redisent douloureusement.

2 commentaires:

Corinne Denoyelle a dit…

Merci pour ce beau texte, évocation émouvante qui nous rappelle qu'effectivement, prendre l'avion n'est jamais anodin. j'espère que tout le monde va bien et que ton grand sapin ne va pas tarder à rentrer.
Bises
Corinne

Servanne a dit…

Merci d'abord pour ta visite, chez moi, où tu es la bienvenue, et moi qui découvre ton bel espace ;) quel plaisir ! je vais aussi te mettre dans mes liens ! :o)

Merci ensuite de ton joli texte plein de sensibilité, et cette pensée pour tous ceux qui ont péri dans l'accident ...

à très bientôt alors Myosotis ! et si tu as remarqué chez moi, j'aime les mots et j'aime les fleurs aussi !