dimanche 24 mai 2009

Solitudes

Les données sont à peu près identiques dans tous les cas : d'une part, LES AUTRES, d'autre part, MOI. Mais toutes les solitudes ne se ressemblent pas.
Il y a celles que l'on subit, lieux de toutes les souffrances.
Solitude insoutenable du mourant sans secours, du malade délaissé, du prisonnier oublié... Solitude déchirante de l'enfant abandonné... Solitude de l'amoureux éconduit, de l'époux bafoué, de l'ami trahi...
Solitude de celui qui perçoit la présence autour de lui d'une foule de gens auxquels rien ne le relie. Solitude de l'attente vaine, quand aucun bruit de pas ne s'arrête devant MA porte, quand aucune sonnerie de téléphone ne retentit CHEZ MOI, quand la boîte aux lettres ne contient jamais que des imprimés ou des factures... Solitude plus cruelle les soirs de fête, dans ces moments où l'on sait que LES AUTRES se donnent rendez-vous, se retrouvent et s'amusent. Et la cohorte des sempiternelles questions : pourquoi EUX là-bas, ensemble ? Pourquoi MOI, ici ? Qu'est-ce que j'ai fait , qu'est-ce que je n'ai pas su faire pour en être, MOI AUSSI ?

Il y a les solitudes que l'on accepte, avec résignation (quand on ne peut faire mieux et parfois ce n'est déjà pas si mal) ou avec sagesse (à l'école des simples, des philosophes ou des saints).
Solitude du veuf qui trouve chaque matin la force de se lever et de sourire à ses enfants... Solitude du rescapé, de celui qui porte les souvenirs de son épreuve comme un fardeau, mais qui parvient à vivre quand même sans s'acharner à se faire comprendre... Solitude de celui qui subit l'injustice mais qui se tait parce qu'il ne peut rien prouver, rien exiger, rien attendre.

Ces solitudes-là peuvent devenir les plus belles : celles que l'on choisit en toute conscience.
Solitude des veilleurs et des gardiens de phares... Solitude des ermites et des chercheurs d'infini... Solitude de ceux qui ont besoin de temps pour relire les évènements et les pensées d'hier, affronter les réalités et les idées d'aujourd'hui, se préparer aux imprévisibles de demain... Solitude assagie de celui qui a trouvé sa juste place, qui cesse de distinguer entre MOI et LES AUTRES, qui se sait uni à tous et à chacun jusque dans son silence. Solitude soudain pleine de sens. Solitude mystérieusement féconde du moine en oraison, de l'écrivain cloîtré, de la petite vieille qui nourrit les oiseaux ou du pêcheur à la ligne abrité sous son chapeau...
Le Grand Chêne est parti pour une semaine et voilà à quelles méditations se livre Myosotis... Vous imaginez ce qui se passerait si elle avait épousé un sous-marinier ?

3 commentaires:

BeeBeeBo a dit…

J'imagine bien, oui. Mon homme est marin mais sur batiment de surface et déjà c'est long, terriblement long (2 mois cette fois-ci mais parfois 4 ou 5 mois d'absence).
Nous avons au moins la consolation de pouvoir nous téléphoner presque chaque w-end, maigre consolation qui rend l'attente un peu plus soutenable, maigre consolation que n'ont même pas les sous-marinniers, tenus au silence.

Bon courage ma chérie pour cette semaine seule avec tes chers petits.
Je sais combien il est dur de s'endormir lorsque le soir arrive. On traine, on cherche des choses à faire pour trouver ce sommeil qui ne vient pas ...
Prend grand soin de toi ma belle, ok ?! ;)
bises

Graptor a dit…

wouaf...
voilà un commentaire déplacé à côté des choses si belles que tu écris.
est-ce qu'il y a des classes éco et business chez les sous- mariniers ?
des bisous, des bisous et encore des bisous !!

Corinne Denoyelle a dit…

Je suppose que cela alourdit énormément la charge de travail quotidienne en ce sens que il n'y a plus d'adulte avec qui pouvoir parler enfin tranquillement de ce qu'a été la journée. Mais les retrouvailles seront douces…
Bises
Corinne